1993 : nous disions adieu à l’Ahaghar. Huit années sont passées, et voilà qu’à nouveau les croupes dorés de l’erg d’Amguid, les parois de la Gâret, les pitons de la Tefedest, les pains de sucre de l’Atakor défilent sous nos yeux, derrière la brume ocre des vents de sable. Lieux de nos joies anciennes, de nos nostalgies de naguère, est-ce encore un rêve perfide qu’un dur réveil déliera dans l’attente ? Non, derrière la trame vacillante de l’air surchauffé, ces lieux, les piliers, les murailles et les frises des temples fabuleux : El Ghessour, In Akachaker, les aiguilles de Tahaggart, s’élèvent vers un azur d’acier les bustes géants d’In Meskour aux visages ravagés par l’âge et la solitude. Jeux du vert, du sable sur la roche hasard ? Désert, lieu de vertige, ici, la pensée interroge et ne reçoit nulle réponse : l’absolu la cerne, et s’impose. Le réel semble éclos de l’imaginaire, l’espace évoque l’infini, le temps flirte avec l’éternité, l’être s’approche du vide.