En janvier 2009 je suis monté avec deux compagnons au camp de base de l’Aconcagua, le grand refuge de Plaza de Mulas où passent 7000 personnes chaque saison, dont la plupart souhaitent monter sur le toit des Amériques à 6962m. Ce refuge est en même temps le plus haut bureau de poste du monde situé à 4370m avec son tampon spécifique, le courrier étant acheminé et expédié par les mules jusqu’à la route internationale reliant l’Argentine et le Chili.
Il se trouve que ce refuge-bureau de poste est pratiquement sur le tracé de la ligne aérienne utilisée par les pionniers naguère. En effet, les avions de l’Aéropostale passaient la frontière au col du Christ rédempteur (3800m) et lorsque les conditions météorologiques et aérologiques étaient mauvaises, ces mêmes avions se déroutaient sur la face SW de l’Aconcagua pour « prendre l’ascenseur » comme disait Mermoz ; entendez par là qu’ils utilisaient les pompes à chaleur, véritables courants ascendants qui les propulsaient à 6000m, leur permettant ainsi de franchir la Cordillère. Aujourd’hui les longs-courriers d’Air France survolent chaque jour ces montagnes élevées, mais à haute altitude.
Notre mission en montant à Plaza de Mulas était d’honorer la mémoire des pionniers en installant une exposition préparée par l’association « La Ligne Bleue » sur le courrier France-Argentine. Identique à celle proposée aux Toulousains à la Poste Centrale, son vernissage a eu lieu le même jour, le mercredi 21 janvier avec seulement 4h de décalage horaire. De là-haut j’ai pu envoyer 175 plis spécifiques avec des enveloppes illustrées frappées du fameux tampon du plus haut bureau de poste du monde.
L’exposition que vous avez sous les yeux comportant photos et reproductions de tableaux relate cet événement grâce aux paysages traversés, de l’acclimatation à l’arrivée à Plaza de Mulas avec des illustrations de l’époque glorieuse de l’Aéropostale et des avions qui assuraient un service dangereux et néanmoins régulier. Henri Guillaumet, Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry et bien d’autres se sont illustrés dans cette épopée chère au cœur des Toulousains dont la ville était le point de départ de la « Ligne » qui allait jusqu’à Santiago du Chili.
Jean-Pierre CONDAT